Avant de commencer, je tiens à préciser que je ne parle pas ici (seulement) de l'Inconscient au sens de Freud (ensemble des pulsions et des pensées refoulées) mais de tout ce qui se passe dans notre cerveau sans que nous en ayons conscience. Et c'est énorme. On estime actuellement que 90% de nos actes et pensées sont inconscients.
- les fonctions vitales : quand vous respirez, quand vous digérez, quand votre rythme cardiaque accélère, quand vous suez, quand vous grelottez, vous agissez de façon inconsciente.
- les actes volontaires : quand vous mangez, quand vous buvez, quand vous vous tenez debout, quand vous marchez, quand vous faites la vaisselle, quand vous conduisez dans des conditions habituelles, quand vous vous brossez les dents, quand vous agissez par habitude ou par automatisme, vous le faites de façon inconsciente.
- ls émotions : quand vous tombez amoureux, quand vous vous énervez, quand vous avez peur, quand vous riez, vous n'êtes conscients que de l'émotion et non de tous les mécanismes qui vous ont amenés à tomber amoureux, à vous énerver, à avoir peur, à rire.
- les pensées : quand je vous dis "imaginez un éléphant rouge", immédiatement et sans que vous le fassiez de façon consciente, une image d'éléphant rouge vous est venue. Quand vous lisez, vous le faites de façon automatique. Quand vous décidez de ce que vous allez manger au restaurant, la plus grande partie de la décision est inconsciente (vous hésitez éventuellement entre deux ou trois plats, les autres étant éliminés très rapidement). Quand vous rencontrez une personne que vous ne connaissez pas encore, vous décidez quasi immédiatement, si elle vous parait sympthique, fiable, aggressive.
Et ainsi de suite : des actes les plus terre à terre aux pensées les plus élaborées, votre inconscient fait la plus grosse partie du travail, votre conscient se contente bien souvent de valider ou d'infirmer une décision.
La plupart du temps, ce travail de l'inconscient est à l'avantage de la partie consciente :
- il nous évite de devoir traiter les milliards d'informations auxquelles nous sommes soumis quotidiennement, en leur appliquant des traitements automatiques et très rapides. C'est l'exemple de la respiration (heureusement, qu'on ne doit pas penser consciemment à respirer tout au long de la journée, et qu'on ne doit pas déchiffrer consciemment chaque lettre, chaque syllabe et chaque mot d'un texte qu'on lit comme c'était le cas en cp).
- il filtre les perceptions qui nous entourent pour ne soumettre à la partie consciente que ce qu'il l'intéresse ou ce qui n'est pas commun. Par exemple, lorsque vous vous balladez dans une rue, vous ne remarquez certainement que des personnes qui ont des qualités physiques qui vous intéressent (couleur de cheveux, taille, poids,...) ou des personnes qui ont des caractéristiques physiques étonnantes (dans ce cas, l'inconscient soumet cette information inhabituelle à la partie consciente pour savoir comment la traiter plus tard). Les dizaines d'autres personnes que vous croisez, vous ne sauriez même pas dire si vous les avez vu, deux secondes plus tard.
- il rend le monde qui nous entoure familier en lui appliquant des représentations connues. Nous ne percevons pas le monde tel qu'il est (ce serait impossible, il y a bien trop d'informations) mais tel que nous le présente notre inconscient après traitement. Ainsi, si deux personnes "voient" un mendiant dans une rue avec leurs yeux, l'une pourra voir "une personne bien malheureuse, qui vit dans la pauvreté" et l'autre pourra voir "un fainéant qui ne fait rien de ses journées et qui vit au crochet des autres". Sans ces représentations, nous devrions à chaque fois que nous rencontrons une personne ou une situation, l'évaluer pour lui donner un sens, ce qui serait beaucoup trop fastidieux et angoissant. Avec ces représentations, le monde dans son ensemble nous paraît familier.
Mais de temps en temps, cet inconscient nous joue des tours quand :
- il applique un programme innaproprié à une situation. Par exemple, quand notre inconscient provoque une réaction de colère dans une situation ou le calme aurait été plus efficace (comme dans un conflit avec un enfant par exemple) ou quand nous éprouvons de l'anxiété et de l'angoisse face à une situation qui n'est pas objectivement dangereuse (cas des phobies)
- il se trompe en faisant des approximations souvent efficaces mais parfois lourdes de conséquences négatives. Par exemple, en estimant qu'une personne qui a un beau visage est une personne gentille et aimable.
- il ne nous permet pas d'accéder à des informations parfois importantes. Par exemple en filtrant toutes les phrases aimables que l'on reçoit pour ne retenir que les phrases aggressives ou malveillante.
Il est primordial de réaliser tout cela et d'essayer d'augmenter sa conscience des processus qui dirigent nos actes et nos pensées. Un des exercices les plus efficaces est une méditation de type bouddhiste : il s'agit, non pas de trouver le calme et de faire le vide dans son esprit, mais de prendre pleinement conscience de ce qui nous constitue. L'exemple le plus connu est celui où on est assis en tailleur et où on se concentre sur sa respiration. Mais vous pouvez aussi vous mettre quelques instants au calme pour essayer de prendre conscience des battements de votre coeurs ou de votre digestion ou des tensions dans vos muscles. Et vous pouvez aussi pendant la journée, prendre conscience de vos actions physiques (prendre conscience de sa façon de marcher, de sa façon de manger), de vos sensations (prendre conscience du vent sur votre peau, du soleil qui vous chauffe, des sons qui vous entourent, des personnes que vous voyez dans la rue) , de vos émotions (prenez conscience que vous êtes en colère, que vous êtes triste, que vous êtes heureux, que vous avez peur, au moment où vous ressentez cette émotions), de vos pensées (prenez conscience des pensées automatiques comme ce que vous pensez d'un plat, d'une personne, d'une situation ou comme ces phrases qui surgissent de nulle part dans votre esprit : "je ne réussis jamais rien", "Ma fille, tu es une idiote", "tu peux le faire !"). Cette première étape est essentielle pour comprendre les automatismes inconscients qui vous aident et ceux qui vous nuisent. Il vous sera ensuite possible de renforcer les premiers et de supprimer ou d'affaiblir les seconds, par exemple en les remplaçant par des automatismes plus positif pour vous.